L’élégance de ceux qui se prennent pour des dieux
C’est Dieu en personne, à l’encontre duquel se concentre sa rébellion primaire. Il a la nécessité de croire en Dieu avec qui il travaille un genre de funèbre élégance. Le visage tragique baigne le XXe siècle.
Françoise Dolto met sur le compte de l’isolement et la rébellion du gandin, la privation d’apparence du père. Il n’accepte pas son état et ne concède nulle envie.
Le reproche au père absent
C’est à ce Dieu que ce damoiseau requière la présence d’un père qui saura éduquer sa progéniture. C’est ce Dieu qui, au-delà de son état, vise à l’aiguillonner. Des cultes de l’anatomie, des cultes du couvre-chef, lui servent à se ressaisir, à s’agripper à une morphologie qui n’est en vérité, pour lui, qu’une bombe d’anxiété, qu’il n’occupe pas continuellement. C’est le brave face à la torture de la personne dans une morphologie d’Homme.
Comme l’aguicheuse se soustrait à tous ses prétendants, le gandin se soustrait à l’humanité dans son ensemble, même à Dieu et à toutes les possibilités de rédemption. Comme pour le Cyrano de Rostand, l’existence a la possibilité de tout lui enlever, à l’exception de son prestige. Cette négation : NON qui, en amour, fait la chasteté des femmes, et, devant son avenir, la distinction de l’homme… Est l’estampille originale de l’élégance. En permutant sexuellement, elle se retire du secteur de l’attirance sentimentale, dont elle prend de nouveau les apparences.
Le vêtement, rempart contre la société
L’habit, en premier lieu, qui n’a pas continué d’être l’agent d’un particularisme de la société. Attribué à coups de décrets financiers, et qui pour la 1ère fois aura une tournure diplomatique. Pour la 1ère fois également, l’élégance qu’il s’autorise n’est pas une expérimentation de plus, de s’associer à une catégorie suprême en acceptant sa physionomie, cependant, celle au moins, de se reconnaitre dans sa catégorie en adoptant les vêtements d’une catégorie dénigrée ou hors-la-loi. Le gentleman vulgaire s’efforce de retrouver les idéaux communautaires de son époque. Son OUI servile à tout ce qui a la possibilité de le sortir de son rang sera d’une obséquiosité inconvenante. Les dandys montrant leur monarchisme sous le Directoire, les gandins montrant leur attachement à l’empereur Napoléon Bonaparte sous la Restauration entrent dans une révolte diplomatique silencieuse. Il y aura entre ces 2 élégances l’amplitude d’un développement.
Les bourgeois entrent dans la danse
Les nouveaux bourgeois qui se voudront ressembler à apache ne s’apparentent pas aux nobles gourmands du genre trivial. Ceux qui partaient se pervertir chez Ramponneau avec leurs sacoches d’homme bien remplies, demeuraient de grands princes en ribote. Leur autorité sur la société n’était en aucune façon, remise en question. Ceux qui se feront injurier par A. Bruant ont assisté à 3 révolutions et écouté hurler « la lutte finale ». La distance en relation avec une loi sera incontestable, non plus d’avidité, mais, de rébellion. Le gandin se veut singulier, singulier des autres et singulier de l’apparence figée que son entourage se sont fait de lui.
Entre le monde et lui, il réalise un écart qui le montre en tant que son entourage, sans cesse mystérieux et en permanente transformation. Cette envie de se singulariser sera une hantise constante, qui le pousse, en premier lieu, à un comportement de contradiction aux croyances et aux vérités acceptées par la communauté où il réside. Orgueilleux comportement qui valorise l’élégance pour aller à la révolte abstraite !